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Le blog du cinema d' Olivier H

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Entretien avec les réalisateurs Méryl Fortunat-Rossi et Xavier Seron

Publié par lecinemadolivierh sur 30 Août 2017, 18:48pm

Catégories : #itw, #rencontre, #Méryl Fortunat-Rossi, #Xavier Seron, #L'Ours Noir, #Le PLombier, #Mauvaise Lune, #Je Me Tue A le Dire, #Helicotronc, #IAD, #OriGineFilms

Entretien avec les réalisateurs Méryl Fortunat-Rossi et Xavier Seron
Bruxelles, 15 avril 2017

 

Rencontre des réalisateurs Méryl Fortunat-Rossi et Xavier Seron :

 

C’est en découvrant la pépite visuelle L’Ours Noir (Numéro un du top dix du blog des courts-métrages vus en 2016 tout de même) qui a raflé de nombreux prix en festivals, que j’ai découvert les coréalisateurs Méryl Fortunat-Rossi et Xavier Seron. Le Plombier, leur nouveau court métrage surprend par son décalage et son humour belge. On se marre bien avec eux, que ce soit à travers leurs films, qu’à leurs côtés.

 

 

Pouvez-vous vous présentez ?

Je suis Méryl Fortunat-Rossi, je suis un réalisateur franco-belge, j’ai fait mes études de cinéma à l’IAD. C’est dans cette école que j’ai rencontré mon partenaire de fantaisie Xavier Seron.

Moi, c’est Xavier Seron, réalisateur, scénariste belgo-belge et Méryl a un peu déjà tout dit. Pareil, j’ai fait l’IAD, l’Institut des Arts de Diffusion. On faisait partie de la même promotion.

 

 

Qu’est-ce qui a fait que vous vous êtes décidé à coécrire et à coréaliser ensemble ?

Méryl : Tu ne fais jamais exprès. Je ne crois pas que tu te dis tiens je vais chercher un binôme à tout prix. Tiens on ne ferait pas un truc barré un week-end …

Xavier :   Ce qui est marrant c’est qu’à l’IAD, on ne trainait pas vraiment ensemble. C’est après, en se croisant, qu’on s’est dit que ça pourrait être marrant d’écrire un truc. On s’est retrouvé à boire des coups au café du coin et à écrire un premier scénario sur un bout de table. La coréalisation c’est simplement le prolongement de cette coécriture. Comme le fait remarquer Méryl, ce n’est pas une évidence. C’est plus facile de travailler en solo. Mais en binôme, il y a d’autres avantages. Il y une émulation, un pingpong permanent. Tu confrontes directement tes idées au regard et à l’avis de l’autre. L’autre est en quelque sorte le premier spectateur. Il opère comme un filtre ou un amplificateur. Tu lances une idée. Parfois tu sens qu’elle ne trouve aucun écho mais parfois elle fait mouche. L’autre s’en empare, rebondit, la transforme et ainsi de suite. Mais attention, la coécriture et la coréalisation ne doivent pas déboucher sur un consensus mollasson, sur des idées qui ne fâchent et n’enthousiasment personne. Elles doivent nous pousser hors de nous, à aller au-delà. C’est ça qui est intéressant. Bien sûr, parfois l’autre tempère, sort le carton rouge en disant : Ça c’est too much ! Mais l’autre c’est aussi notre alibi, le bouc émissaire. En binôme, la responsabilité se dilue. C’est pas toi, c’est l’autre ! Du coup, on se permet d’être un peu plus insouciants.    

 

 

On retrouve des acteurs récurrents dans vos courts-métrages, faisant penser un peu à une troupe d’amis (Jean-Benoît Ugeux, Jean-Jacques Rausin, Catherine Salée …). Est-ce que cette troupe se connaissait auparavant ?

Xavier : Je pense qu’ils se connaissaient tous un peu. C’est pas grand la Belgique et le monde du cinéma belge francophone encore moins. Mais c’est vrai que de film en film, on a tendance à rempiler avec les mêmes. C’est comme une petite famille. C’est vrai aussi pour les techniciens.

Méryl : Mis à part Terence (ndlr Terence Rion qui a joué dans L’Ours Noir) dans le lot, les autres se connaissaient assez bien.

Xavier : Jean-Jacques (Rausin) est là depuis toujours.

Méryl : Il était à l’école avec nous.

Xavier : Mon tout premier film de fiction, en troisième année, je l’ai fait avec lui et, à quelques rares exceptions, j’ai fait tous mes films avec lui. Méryl connaissait déjà Catherine (Salée) …

Méryl : J’avais travaillé avec elle sur un film où j’étais assistant réalisateur.

Xavier : Moi, je l’avais découverte dans Folie Privée, un film de Joachim Lafosse. Et puis à l’IAD, elle avait participé à un exercice de mise en scène, où elle jouait un extrait d’un film de Jarmush. C’était hallucinant. Elle m’avait complètement bluffé. C’est Catherine qui nous a conseillé Philippe (ndlr Philippe Grand’Henry qui a joué dans Le Plombier et Mauvaise Lune) pour camper le personnage de la mère dans Mauvaise Lune. Bien sûr, on connaissait déjà son travail.

Méryl : Cela s’est fait naturellement. Sur Mauvaise Lune, il fallait trouver des gens talentueux, disponibles et pas trop chers parce que c’était ultra fauché et qu’il fallait aller très vite. Et qu’ils ne soient pas très regardant, qu’ils nous fassent aveuglément confiance parce que l’on ne savait pas trop où on allait.  Depuis L’Ours, on a commencé à écrire pour les comédiens. Ça facilite la mise en scène. On joue les dialogues en pensant à eux et ils rentrent plus facilement dans le costume. Sur L’Ours, le gage de réussite, c’est qu’il fallait que ce soit une bande de potes. Le groupe existait déjà dans la vie, donc forcément, lorsqu’ils mettent un sac à dos, il y a déjà  un passif de conneries et cela aide à rendre tout cela crédible. Je n’ai jamais fait de casting, peut-être que l’on sera amené à en faire. C’est beaucoup plus simple lorsque tu peux penser à quelqu’un. Pour Le Plombier, Tom Audenaert, on ne le connaissait pas du tout dans la vie, c’était quand même très focalisé sur lui et s’il disait non, on était vraiment mal.

Xavier : On avait tous les deux complètement craqué sur lui avec le long-métrage flamand Hasta la Vista, il est super dedans. Et puis on l’a revu après dans un court belgo-hollandais De Smet (ndlr de Thomas Baerten) qui est vraiment à voir.

Méryl : C’est l’histoire de trois frères, c’est fantastique.  Donc voilà, après tu mets toujours un peu des options bis dans le casting, au cas où tu as un problème de dates, de disponibilité. Plus tu écris pour des gens et moins tu peux les remplacer. C’est un petit piège aussi.

 

 

Est-ce que votre notoriété acquise, dont notamment les prix Magritte (L’équivalent des Césars en Belgique) vous a ouvert des portes ? Est-ce que des acteurs ou bien des producteurs viennent vous voir suite à cela ?

Méryl : On a de la chance. Les comédiens se montrent assez curieux et avides d’expériences nouvelles. Et comme nous pratiquons un cinéma « particulier », ça intéresse certains d’entre eux. Recevoir un  Magritte, ça aide forcément un peu… Après je ne m’en rends pas vraiment compte. De notre côté, je n’ai pas l’impression que ça change notre rapport au cinéma. Ça reste très artisanal. Mauvaise Lune, c’est un faux documentaire, tourné à l’arrache. L’Ours Noir c’est un film gore à l’ancienne, avec des effets spéciaux bricolés. Le Plombier c’est un hommage aux gens de l’ombre, aux films fauchés. On a une manière de faire qui est intimiste et bricolé. Même si dès fois tu mets un peu d’argent dessus.

 

 

Votre cinéma peut faire penser à celui des années 80.

Xavier : On a grandi avec ce cinéma. C’était l’époque des gros magnétoscopes. J’enregistrais à peu près tout ce qui passait à la télévision. Et puis, c’était aussi l’époque du vidéo club du coin. Avec ma sœur on était tout le temps fourré au rayon des films d’horreur. Ils y sont à peu près tous passés.

 

 

Quels films vous ont plu à cette époque ?

Xavier : Il y avait des films comme Les Dents de la Mer. C’était un film que j’avais découvert à la télévision en l’enregistrant. Pendant un bon bout de temps, quand j’allais au bassin de natation et que je voyais cette espèce de grosse ligne noire, je n’étais pas trop rassuré. Je pense que Spielberg a vraiment traumatisé une génération (ndlr dont moi). Avec ma sœur on s’était retrouvé face à un film Australien  Razorback, avec une espèce de méchant sanglier. Je pense aussi à des films comme Le bal des vampires de Polanski, Le loup-garou de Londres, Evil Dead, surtout le 2 qui était hilarant, les films de Cronenberg, les premiers films de Peter Jackson : Bad Taste, Brain DeadEt puis il y a surtout un film qui n’était pas vraiment horrifique, mais qui m’a marqué profondément, c’était Buffet Froid de Bertrand Blier. Je l’ai vu assez jeune. Je crois que je ne captais pas encore tout. Mais il y a cette scène au début du film où l’on retrouve Michel Serrault avec un couteau planté dans le ventre et qui explique à Gérard Depardieu que c’est probablement le sien et qu’il ferait bien de le reprendre, parce qu’il y a ses empreintes dessus. C’est ce côté absurde qui me fascinait. Une  absurdité que l’on retrouve surtout au théâtre. Comme chez Beckett ou Ionesco.  C’était une claque énorme. 

Méryl : Moi, un truc qui m’a marqué jeune, c’est C’est Arrivé Près de Chez Vous. Justement chez moi dans le sud de la France, lorsque tu allais au vidéo club et que tu prenais une cassette interdite au moins de seize ans, il y avait une espèce de graal quand tu avais quatorze ou quinze ans. J’adore aussi Billy Wilder, Blier, Woody Allen.

 

 

Est-ce que le cinéma anglo-saxon décalé comme les Monty Python est une référence pour vous ?

Méryl : Oui bien sûr.

Xavier : C’est clair.

 

 

Réalisez-vous des films que vous souhaitez voir ?

Méryl : Je n’ai pas l’impression que le cinéma que l’on fait, c’est nécessairement le cinéma que je vais voir. Je suis incapable de réaliser un film dramatique, mais cela ne n’empêchera pas d’aimer ceux des autres. J’ai le goût de la provocation, de faire un truc gourmand. Quand tu penses au cadrage, il faut qu’il y ait un impact physique sur le spectateur. Il faut que cela marche et il faut que l’on soit dans l’action. Même si tu filmes deux gars qui parlent, il faut se dire comment tu peux être juste à côté d’eux. Cela c’est important. Et puis, essayer de faire des trucs que l’on n’oublie pas. Un réalisateur peut tenter plein de choses pour faire un film et cela peut être raté. Mais au moins le mec a essayé un truc et il s’est mis en danger. Si tu peux changer le nom d’un réalisateur d’un film par un autre, c’est qu’il y a un problème.

Xavier : Personnellement, j’aurais du mal à réaliser un film que je ne souhaiterais pas voir. Mais comme Méryl, j’aime aussi des films très différents de ceux que je fais. C’est ça pour ça qu’il faut veiller à la diversité du cinéma.

 

 

Xavier, qu’est-ce qui t’a amené à réaliser ton premier long-métrage Je Me Tue A Le Dire en solo ?

Xavier : On bosse en binôme, mais cela ne nous empêche pas d’avoir des projets en solo. Méryl le disait tout à l’heure, il a fait pas mal de documentaires. Il a collaboré aussi en binôme avec Valéry Rosier. Moi de mon côté, j’ai bossé avec d’autres collaborateurs, comme Cédric Bourgeois, avec qui j’ai fait un documentaire sur des catcheurs belges (Dreamcatchers). J’ai également travaillé en binôme avec Matthieu Donck (Les Tubes) qui a fait La Trève ou Christophe Hermans (Le crabe).

Méryl : Je Me Tue A Le Dire, sans rentrer dans tous les détails, c’est un peu le projet dont Xavier a entreprit l’écriture en cours d’école. C’est donc un projet qu’il porte depuis très longtemps et avant même que nous nous rencontrions. La logique ce n’était pas que je vienne sur le projet au dernier moment. D’ailleurs, je n’ai absolument rien foutu sur ce film. Mais je suis un grand fan du film. C’est un petit bijou qui restera toujours fragile par ses moyens techniques etc. ... Mais c’est un film d’une grande fraîcheur et d’une grande créativité, malgré sa noirceur.

 

 

Xavier, d’où est venue l’idée de base du film ?

Xavier : Ce n’est pas tout à fait comme L’Ours Noir ou Le Plombier. Comme le disait Méryl, c’est une histoire qui est un peu née quand on était à l’IAD. En fait, cette fiction de 3e année dont je parlais tout à l’heure avec Jean-Jacques s’appelait aussi  Je Me Tue A Le Dire. L’histoire n’a pas grand-chose à voir avec celle du long-métrage, mais il était quand même déjà question d’un type persuadé d’avoir une grosseur derrière l’oreille. Une sorte de tumeur. Ça parlait d’angoisse de la maladie, de la mort et c’était déjà de l’humour noir. D’une certaine manière, le long-métrage Je Me Tue A Le Dire est le prolongement de cela. Et puis j’ai fait un film de fin d’études qui s’appelle Rien d’Insoluble avec Jean-Jacques. Et sur le plateau, je lui parlais déjà des prémices du long-métrage. Je lui ai dit que j’étais en train d’écrire un truc et que je ne savais pas ce que cela allait donner, mais que ce serait lui le personnage principal. J’ai eu l’aide à l’écriture pour ce projet en 2007 mais il aura fallu attendre 2016  pour que le film sorte en salles. C’est un très long cheminement.

 

 

Quels sont vos futurs projets ? Vous êtes sur l’écriture d’un long-métrage avec une histoire de poissons cannibales, encore une histoire bien décalée.

Méryl : En fait, personne n’a encore lu le projet. On l’a un peu fait lire à la production. Si tu résumes le pitch, tu as une espèce de poisson zombie, quand il te mord, tu as une super envie de baiser comme une crise d’épilepsie. Et si tu ne baises pas instantanément, tu exploses. Il faut vite trouver une chaussure à son pied pour se sauver la vie. Notre producteur français nous a dit de faire un truc comme L’Ours Mais il n’est pas dit qu’en France, ce que l’on nous a permis miraculeusement de faire sur un court-métrage, nous puissions le faire sur un long-métrage. On leur a fait juste lire pour vérifier s’il était possible de le produire. Cela ne les a pas découragés étonnamment.

Xavier : Oui, au contraire.

Méryl : L’aventure continue.

Xavier : On verra ce que ça donne. Parce que ce qui fonctionne sur quinze minutes n’est pas évident à tenir sur une heure vingt.

 

 

Vous avez la force des dialogues ainsi que du rythme.

Méryl : C’est un premier jet, il faudra qu’on repasse dessus. C’est toujours en cours et on ne va pas le lâcher (ndlr Je l’espère bien !). Ce serait quand même énorme que l’on arrive à produire un truc pareil.

Xavier : On fait une « petite » parenthèse série en ce moment, sinon je pense que l’on serait en train de cravacher sur le projet.

Méryl : On va essayer d’avancer en parallèle à nos heures perdues. Il ne manque pas grand-chose pour laisser nos producteurs avancer sans nous, ce qui est quand même le but. Nos courts-métrages sont ultra chargés en casting et on a beaucoup de comédiens par rapport à la moyenne dans les courts-métrages. On a trouvé une rythmique dans les derniers films qui était hyper rapide. Quand tu passes au long, le but est de garder la même intensité que l’on met dans les quinze minutes.

Xavier : Je crois que c’est évident que ce ne sera jamais un très long format. Surtout avec cette histoire qui part dans tous les sens.

 

 

Vous êtes donc en cours d’écriture sur une série depuis combien de temps ? Est-ce que ce sera une série belge ?

Méryl : Cela fait un mois et demi que l’on est dessus.

Xavier : C’est tout récent. Pour le moment, ça s’appelle « Prince Albert ». Il s’agit des mésaventures des occupants d’un base polaire belge en Antarctique. Le ton reste un peu celui de nos courts : grinçant et décalé…  

Méryl : Ce serait une série belge. Cela se fait en plusieurs étapes. La RTBF (Radio Télévision Belge Francophone) nous donne un peu d’argent pour développer l’histoire. Mais rien ne garantit que ce que nous faisons maintenant soit porté à l’écran.

 

 

Est-ce que vous allez écrire tous les épisodes de la série ?

Xavier : Ça reste à voir. On n’y est pas encore. Je pense que c’est une masse considérable de travail. Il faudra sans doute déléguer et impliquer d’autres scénaristes pour venir à bout de la continuité.

 

Merci Méryl et Xavier d’avoir accepté cette rencontre.

Méryl et Xavier : merci à toi.

 

Olivier H.

Entretien avec les réalisateurs Méryl Fortunat-Rossi et Xavier Seron
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