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Le blog du cinema d' Olivier H

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Blog spécialisé sur les Festivals Internationaux de Films Fantastiques comme Fantastic'Arts, FantasPorto, BIFFF, AIFFF, Mauvais Genre, Cannes, NIFFF, Fantasia, PiFan, Deauville, L'Etrange Festival, FEFFS, La Samain, Trieste, Razor Reel, Les Utopiales, PIFFF ...


Rencontre avec Karim OUELHAJ, réalisateur de L'OEIL SILENCIEUX

Publié par lecinemadolivierh sur 4 Juillet 2016, 19:51pm

Catégories : #ITW, #Karim Ouelhaj, #L'Oeil Silencieux, #Parabola, #Une Réalité par Seconde, #Le Repas du Singe, #OKayss Prod

A l’occasion du Festival Le Court en dit Long qui s’est déroulé à Paris début juin, j’ai eu la chance et l’occasion de rencontrer le belge Karim Ouelhaj, réalisateur du court métrage très réussi L’Œil Silencieux.

Karim, peux-tu te présenter ?

C’est difficile de se présenter. Il n’y a rien d’original. Je fais des films. Je suis un réalisateur qui rame comme la majorité des réalisateurs. J’enveloppe le cinéma en général. Je ne m’enferme pas dans un genre. Je suis un réalisateur éclectique.

Comment es-tu arrivé à la réalisation de films ? As-tu suivi un cursus de cinéma ?

J’avais l’intention de faire une école de cinéma à Bruxelles, mais cela n’était pas possible d’ordre familial. Alors je me suis rabattu sur la publicité, puis les arts appliqués, le dessin, la vidéo. J’ai une affinité particulière avec la musique. Elle est aussi forte que le cinéma. J’écris avec la musique. La musique et le cinéma sont deux vecteurs qui fonctionnent bien en moi. Au montage, le son et la musique s’entremêle. La musique se mélange avec le son, les effets sonores. Il est difficile de les distinguer. Le résultat est intéressant.

Pour la musique de L’Œil Silencieux, j’ai demandé à Nox de s’inspirer de la musique du film de Jonathan Glazer, Under the Skin. J’avais déjà travaillé avec Nox, pour la musique de mon film Le Repas du Singe. Leur musique convient généralement à de la musique de film. C’est une collaboration qui dure. Ce sont des amis. On a une excellente entente.

Tes films parlent d’une certaine classe sociale exclue et ignorée. Sont-ils le reflet de la société dans laquelle nous vivons ?

Reflet, cela ne se voit pas. Plus cela se propage et moins on a envie de le montrer. C’est une forme de gangrène. On est totalement dans une société paranoïaque où il y a de plus en plus de communautés qui se créent. Le communautarisme amène la division. Le fait de dire cela dans mes films amène une sorte de censure, et c’est là que ça devient dérangeant... mais ça prouve aussi que quelque part je tape juste.

Après avoir réalisé trois longs métrages, pourquoi revenir au format court pour L’Œil Silencieux ?

Le court-métrage a une forme de liberté qu’on n’a pas encore réussi à acheter. J’ai fait un court pour revenir à cet exercice de style dit officiel. J’ai terminé une étape. J’ai envie de faire autre chose. J’aime les films de genre, d’horreur. J’aime également des films comme Platoon ou Rambo. Ce sont deux films totalement différents racontant la même guerre. Les deux genres m’intéressent et m’intéressent toujours. Il y en a un plus exigeant, l’autre plus large. L’Œil Silencieux reste aussi exigeant que Parabola ou Le Repas du Singe. Le fait d’avoir deux cultures, cela m’a ouvert à beaucoup de choses. Faire des films, être exigeant.

Le cadre de la caméra a une grande place dans L’Œil Silencieux. On y voit une grande maîtrise technique. Comment as-tu abordé la première scène ?

Elle n’était pas si compliquée que cela. Elle était préparée à l’avance. Ce n’était pas non plus les deux doigts dans le nez. Je voulais faire une ouverture à L’Œil Silencieux, sans passer par un super générique. On s’y est pris quelque fois. Je me suis fait plaisir. La scène est liée au scénario. C’est une vision de Dieu, d’espionner, de regarder son voisin. Il est important de montrer dans quel univers on est. Ce que le genre aide contrairement aux films d’auteurs.

Comment c’est faite ta rencontre avec l’acteur Wim Willaert ?

Je l’ai appelé, il est très ouvert. Je lui ai envoyé le scénario sans lui dire qui l’avait écrit. On s’est rencontré, et on a accroché. Il a accepté à partir seulement du scénario. C’est une relation des plus simples, des plus banales.

Ton cinéma est libre et tu ne te censures pas. L’Œil Silencieux dépasse certaines limites, comme la scène de masturbation par exemple. Parles-nous d’Okayss Prod qui te soutient depuis le début ?

On a créé Okayss Prod, pour faire ce que l’on veut, dire ce que l’on veut. A qui on veut et comment. Mais malheureusement, on ne peut plus trop aller dans cette direction là et je le vois bien. C’est pour cela aussi que je veux prendre une autre direction. Au moins, nous, on l’a fait. Cela a duré dix ans. Je reviendrai à ce genre de film et à ce genre de liberté. S’ouvrir pour mieux revenir.

Aujourd’hui, de nombreux réalisateurs financent leurs films, à défaut de trouver des producteurs. Il est compliqué de réaliser un film, puis une fois réalisé, difficile de le vendre. Quel est ton avis sur ce sujet ?

C’est la manière de faire les films. Il y a de tout et n’importe quoi. Les distributeurs se trompent tellement de fois. Il y a trop de choix. Eux-mêmes ne savent plus choisir le meilleur film. C’est pareil pour les festivals, et donc les producteurs. Si tu fais un court-métrage qui dure plus de cinq ou dix minutes, t’es foutu pour les festivals. Ils disent que le film est bien, mais qu’il est trop long. Il y a trop de films, trop de musiques, trop de n’importe quoi. Du coup, la porte des réalisateurs de ce côté-là est en train de se fermer. Pour mon dernier film, Une Réalité par Seconde, j’ai du mal à le sortir, à trouver un distributeur, c’est extrêmement compliqué. Les distributeurs sont frileux. Cela est en train de progresser. Il y aura un cinéma internet où les gens prendront leurs caméras et diffuseront leurs films. Je ne sais pas s’il y a un marché. Je crois qu'il faut accepter que le cinéma numérique est en train de se démocratiser sur Internet. Il ne restera pour les salles que les grosses comédies et les Blockbusters. Le cinéma indépendant qui veut continuer à dire quelque chose est en train de se réfugier dans les chaînes privées (HBO, AMC, Canal+...)

Que penses-tu du cinéma d’aujourd’hui ? Est-il aseptisé aux supers héros ?

Alan Parker, Oliver Stone, Scorsese, Fincher, Friedkin. La liste est trop longue des réalisateurs qui m’ont donné envie de faire des films. Heureusement qu’ils sont encore là. Le niveau était meilleur. Il y a du faux cinéma indépendant. Il faudrait redéfinir ce qu’est le cinéma indépendant. Si c’est faire un film de 3,4 ou 5 millions d’euros d’arts et d’essais. C’est faux ! Cela reste un téléfilm de luxe. Les téléfilms de luxe, les comédies à tout va et les Blockbusters américain ne laissent pas de place. Il reste très peu de place pour le cinéma indépendant. Et tout le reste essaie de se faire une place là-dedans. Friedkin, 77 ans, continu de faire des films comme si il avait trente ans. Alors que des chiés de réalisateurs qui n’ont pas trente ans font des films de vieilles. Ils ne rapportent même pas un sou. Donc moi là-dedans où je me situe ? Je ne sais pas. Pour certains, dans la catégorie que je viens de dire.

Si un jour on te propose de réaliser un Blockbuster, tu acceptes ?

Oui bien sûr. C’est peut-être contradictoire avec ce que je viens de dire. Le cinéma c’est comme la nourriture, de la gastronomie. Il faut savoir bien cuisiner. Moi, je préfère un bon steak qu’aller au Mc Donald ou dans un fast food. Mais si un steak est mal assaisonné, je préfère le burger. Tu vois ce que je veux dire ? Je suis quand même dur. Je ne veux pas me fermer les voies. Il faut que je ménage mes propos. Je tiens à faire des films.

Quelle est l’idée de départ de L’Œil Silencieux ?

C’est inspiré de la téléréalité. Il y a des années je suis tombé sur un de ces programmes que l'on regarde avec avidité alors qu'il ne se passe rien. C’est du gros foutage de gueule et cela aseptise le cerveau des gens. C’est hallucinant. Tu perds ton temps. C’est à partir de là que je ne regarde plus la télévision. C’est un problème d’éducation. Le fait d’être devant la télévision, un ordinateur, un Smartphone.... et n’y a rien, tu ne vis rien de réel ! Mon prochain film sera sur le thème de la folie, je pense.

Justement, quels sont tes prochains projets ?

Je suis en phase d’écriture, de recherche de financement. J’ai écrit une série. Je vais arrêter de me produire pendant un certain temps. J’ai vraiment envie de faire que de la réalisation. Apprendre différemment. Avancer. Je suis impressionné par la qualité d’écriture de certaines séries comme Deadwood, Carnivàle, The Shield...

Quels sont tes trois réalisateurs préférés ?

C’est compliqué. Alan Parker, je suis un grand fan. Oliver Stone et aussi Clive Barker, même s’il reste plus écrivain que réalisateur. J’aime bien aussi William Friedkin.

Quels sont tes trois films préférés ?

L’Echelle de Jacob. Hellraiser, qui est très particulier et très fort. Angel Heart.

Que penses-tu de la sélection de L’Oeil Silencieux au Festival Le Court en Dit Long et de ses deux prix remportés au prestigieux BIFFF ?

Si cela me permet de faire un autre film, je serai très heureux. C’est encourageant pour l’équipe et pour la suite. Cela récompense le travail de chacun.

Filmographie de Karim Ouelhaj :

Parabola (2005)

Le Repas du Singe (Demain j’arrête) (2010)

Une Réalité par Seconde (2015)

L’Œil Silencieux – court métrage (2016)

Je remercie sincèrement Karim Ouelhaj pour sa disponibilité et sa gentillesse qui a donné lieu à une rencontre enrichissante.

Merci également à Florence Saâdi qui a organisé la rencontre. Merci à Okayss Prod, l’équipe du film présente également qui est formidable. Vive les Belges !

Olivier H.

Rencontre avec Karim OUELHAJ, réalisateur de L'OEIL SILENCIEUX
Karim Ouelhaj

Karim Ouelhaj

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