Critique du long-métrage DOUBLE PLUS UNGOOD de Marco Laguna (Belgique) :
Année : 2017
Durée : 90 minutes
Genre : polar
Synopsis : Dago Cassandra, un petit escroc est investi d'une mission divine de tuer les douze apôtres ...
Double Plus Ungood est le 1er long-métrage du réalisateur Marco Laguna (Chanteur du groupe La Muerte).
Double Plus Ungood est produit par Julien Sigalas et Olivier Tordeurs.
Sociétés de production : Stempel et Topcare production.
Distributeur : One Eyed Films.
Note IMDB : 5,8/10 sur 8 votes.
Anecdote : le tournage a duré cinq années. Un film fait à l’arrache avec peu de budget.
Sélections dans les festivals (liste non exhaustive) :
L’Etrange Festival 2017 (France), Brussels International Fantastic Film festival 2018 (Belgique).
Avis : Double Plus Ungood est un genre de faux documentaire autour du protagoniste Dago Cassandra, une petite frappe qui vient de passer quinze longues années derrière les barreaux. Pendant ces longues années, il a beaucoup cogité, seul … et avec Dieu. Ce dernier l’a investi d’une mission : tuer les douze salopards d’apôtres qui font l’apologie du mal sur Terre. Parmi eux, il y a un escroc d’avocat, un trader ou encore un banquier. Que des pourris ! Le spectateur va donc suivre Dago dans sa mission sanglante. Les mises à mort sont différentes. Il y en a une assez marquante qui fait référence à Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper ou encore une autre à Seven de David Fincher. Les morts s’enchainent au détriment d’un scénario linéaire. Les raccords ne sont pas toujours parfaits (Tourner sur cinq années ne doit pas faciliter la tâche). Le protagoniste Dago explique le fond de ses pensées à travers de nombreuses voix off. On se retrouve en quelque sorte dans sa tête et on essaie d’y trouver une échappatoire. Le climat est anxiogène, poisseux. Bref, Double Plus Ungood est un film unique et inclassable. Le film est anticonformiste et surréaliste. Est-ce pour mieux brouiller les pistes ou installer un sentiment de malaise, de mal être ? Pour le côté belge assumé, Double Plus Ungood est un cousin de C’est Arrivé Près de Chez Vous de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde.
Côté casting, Dago Cassandra est interprété par Wild Dee (Magnifique) qui est également le coscénariste du film. Son personnage n’est pas sans rappeler les personnages déglingués joués par Albert Dupontel. Wild Dee porte le film sur ses épaules, aidé par la superbe bande originale du film, ainsi que la belle photographie de Son Doan (Il y a de superbes lumières). Ce dernier optant souvent pour des gros plans, insistant sur le côté suffocant du film. L’acteur belge Bouli Lanners apparaît dans une spectaculaire course poursuite très bien mis en scène et au final renversant. Encore là, difficile de ne pas penser au premier film de Steven Spielberg, Duel.
En trame de fond, Double Plus Ungood est une révolte contre le système capitaliste. Système qui se nourrit des petites gens, comme Dago qui se retrouve ruiné à cause d’un trader frauduleux dont la tâche n’est pas d’engraisser les petites oies, mais les gros cochons. Au final, c’est toujours les mêmes qui récoltent ce que les autres ont semé. Et si on mettait un gros coup de pied dans cette fourmilière ?
Note : 6,5/10. Double Plus Ungood est un OFNI dans le milieu cinématographique. C’est un film indépendant et artisanal non dépourvu de défauts. Mais pour un premier long-métrage, c'est plutôt pas mal du tout et intéressant. Le film sort des sentiers battus avec sa narration particulière. C’est comme un brin d'air frais dans le cinéma actuel qui se cantonne trop à un certain formalisme. Les genres sont mélangés, du polar, en passant par le gore, le giallo et l’expérimental, voire le surréalisme. On attend avec impatience le prochain long-métrage du réalisateur Marco Laguna.
Mad Olive