HANNYA d’Eva Munoz (France)
Année : 2020
Genre : drame
Durée : vingt-huit minutes
Avec Anaïs Parello (Ana), Sophie De Fürst (Marie), Mathieu Lourdel (Mathieu), Clara Guziewicz (Clara), Slimane Yefsah (Tom) , Rémy Barbe (Yvan)
Mayami Production
Pitch : Pour Ana (25 ans), c’est le grand soir : son copain, Mathieu (30 ans) va enfin lui faire rencontrer son cercle d’amis. La soirée se déroule sans trop d’accrocs jusqu’à l’arrivée de Marie, l’amie d’enfance de Mathieu dont Ana n’a jamais entendu parler, et que ce dernier couve d’un oeil étrange…
« Et l’enfer c’est toujours : je voudrais qu’elle m’aime », Guillaume Apollinaire.
Qui n’a pas vécu une expérience proche du pitch d’Hannya ? Faire la connaissance du cercle d’ami(es)s de son âme sœur. Comment sont-ils, sympas ou relou ? Et quelle sont leurs histoires ? Qui a couché avec qui ?
C’est une histoire d’amour, où le spectateur peut facilement s’identifier à un des protagonistes. Un passage de la vie amoureuse qui peut être tant joyeux que douteux, proche d’un basculement dans la psyché. Il est question d’amour et d’amitié où la frontière entre les deux n’est pas singulière.
Pour bien immerger le spectateur dans ce cercle d’amis en une soirée, la réalisatrice Eva Munoz raconte son histoire en un huis-clos anxiogène et claustrophobe. Le spectateur découvre la fragilité des sentiments amoureux, de la raison faillible et du basculement dans la folie pure. Ou comment s’enfermer dans un monde imaginaire défini par ses propres monstres, ses peurs enfouies bien au fond d’un placard qui pourrissent jusqu’à resurgir bien plus fort.
Dans une histoire d’Amour, il y en a toujours un qui attend, qui souffre plus que l’autre. Il y a le possédé et celui qui possède. La jalousie venant faire ses affaires et foutre le chaos amoureux en ajoutant une forme de culpabilité chez le jaloux. Mais pour être aimé, ne faut-il pas commencer par s’aimer avant tout et prendre confiance en soi ? Se libérer, se délivrer (à l’image d’une autre Ana plus animée, si j'ai osé).
Les acteurs et surtout les deux actrices principales, Anaïs Parello (seconde collaboration avec la réalisatrice après Muñecas) et Sophie De Fürst sont superbes. Anaïs apportant de la noirceur à son personnage Ana, tout en délicatesse et sensibilité tandis que Sophie apporte de la douceur et de la sympathie à travers son personnage Marie. Les deux actrices sont belles dans leur rôle respectif. Et quel chute vertigineuse ! Rien à voir avec une Auberge Espagnole ...
Magnifique musique de fin jouée au piano par Alexis Maingaud (réinterprétation de Lettre à France de Michel Polnareff) qui surligne bien la tragédie de l’histoire.
Hannya est une histoire d’amour, forte, viscérale et tragique où le spectateur n'en ressortira pas indemne.
Olivier H.