Critique du court-métrage ET LE DIABLE RIT AVEC MOI de Rémy Barbe (France) :
Année : 2017
Durée : 25 minutes
Genre : fantastique - horreur
Synopsis : Samuel est sensible. Samuel est seul. Samuel ne vit que pour la musique punk/hardcore et les films d’horreur underground. Samuel est incompris. Samuel repense souvent à sa rupture avec Eva. Alors Samuel, dans les moments difficiles, parle au Diable …
Par le coréalisateur des deux courts-métrages Justines et Margaux (Grand prix du Jury du meilleur court-métrage au Paris International Fantastic Film Festival 2016).
Rémy Barbe a créé en 2013 Les Films de La Mouche et a été rejoint en 2014 par Joseph Bouquin, coréalisateur de Margaux et Joséphine Hopkins (Le Jour Où Maman est Devenue un Monstre), coréalisatrice de Justines et Margaux. Les Films de La Mouche est un collectif très actif avec pas moins d’une quinzaine de court-métrage en seulement quelques années. Les trois membres du collectif se sont rencontrés à l’ESRA (Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle).
Et Le Diable Rit Avec Moi est produit par l’ESRA.
Note IMDB : 8,2/10 sur 5 notes.
Festivals :
Sélections : L’Etrange Festival 2017 (France), Razor Reel Flanders Film Festival 2017 (Belgique), Courts Mais Trash 2018 (Belgique), Sadique Master Festival 2018 (France), Hallucinations Collectives 2018 (France).
Récompense : Grand prix au Festival International du Film Fantastique de Gérardmer 2018 (France)
Avis : Et Le Diable Rit Avec Moi est un court-métrage d’horreur inclassable. C’est du cinéma de genre, subversif où l’ordre social est menacé par un élément perturbateur, telle une distorsion. Où le réel tend vers le surréalisme. Le film rend hommage à Massacre à La Tronçonneuse de Tobe Hooper et aux films de Dario Argento. Les scènes gores sont signées David Scherer (Margaux, Tous les Dieux du Ciel de Quarxx, Blood Machines de Seth Ickerman, Le Jour Où Maman est Devenue un Monstre, Laissez Bronzer les Cadavres d’Hélène Cattet et Bruno Forzani, J’Aime Eva Marsh et Puzzle de Rémy Rondeau …).Le spectateur assiste à la descente en enfer de Samuel, un solitaire, limite asocial qui écoute du métal et regarde des films d’horreur rares. Suite à la rupture avec sa petite amie Eva, Samuel s’est enfermé dans son monde. Son seul lien social, son seul contact avec l’extérieur, est un vidéo club, où le gérant lui trouve des vidéo cassettes à prix « copain ». Dans son isolement, Samuel va rencontrer le Diable. Mais est-ce vraiment le diable ou bien son psyché qui lui joue des tours ?
Après son personnage souriant et machiavélique, déjà bien tordu dans Justines, l’acteur Mathieu Lourdel endosse le rôle de Samuel, un mec paumé et solitaire, tout sourire effacé. Il est impressionnant et il me fait penser à quelques personnages interprétés par le magnifique Jack Nicholson (Vol Au-Dessus d’Un Nid de Coucou, Shining, Les Sorcières d’Eastwick) où a celui de Malcolm McDowell dans Orange Mécanique de Stanley Kubrick. Son image dans Et Le Diable Rit Avec Moi n’est pas sans rappeler celle du Christ avec ses cheveux longs et une barbe naissante. Le film est rempli de symboles biblique à l’image de la crucifixion du Christ. La religion chrétienne est présente dans le court dans des moindres détails (Tableaux). Mathieu Lourdel est accompagné dans le film par Davor Cosic (Justines) qui interprète le Diable. Un personnage sombre, qui vit reclus dans les ténèbres et qui a une voix gutturale. Une voix enfouie dans l’inconscient de Samuel. L’actrice Lola Dubus interprète Eva, l’ex-copine de Samuel, tandis que Joëlle Berckmans (Turbo Killer de Seth Ickerman) campe l’étrange Lily (Lilith, la mère des démons ?). L’acteur Jackie Berroyer fait une belle apparition dans le rôle de Maurice, le gérant du vidéo club. Un rôle transgressif. Le casting est assez bon.
Côté technique, le groupe Cowards et l’auteur-compositeur Gerome Nox signent une musique survoltée qui accompagne bien les images du Directeur de la Photographie Julien Grandjean (Margaux, Le Jour Où Maman est Devenue un Monstre) qui délivre une très belle photo. Paul Jegaden (Margaux, Le Jour Où Maman est Devenue un Monstre) et Rémy Barbe ont réalisé un montage hors norme, qui ne respecte pas la temporalité du film, évitant par la même occasion de lourds flash-backs. Le film est en quelque sorte démonté au montage. C’est un travail remarquable qui implique une lecture segmentée par le spectateur, qui est embarqué dans une spirale infernale.
Note : 9/10. Et Le Diable Rit Avec Moi est électrochoc visuel ! Une véritable descente en enfer pour le spectateur. Le réalisateur Rémy Barbe nous livre un court-métrage d’horreur psychologique viscérale, bourré de symboles biblique, sociétal et subversif. Le film est remplit de petits détails à disséquer scène par scène. Et comme tous bons films fantastiques, le film a plusieurs grilles de lectures et d’interprétations. Vous allez rire jaune en voyant cet ovni cinématographique inclassable. Amen.
Mad Olive