LITTLE JAFFNA de Lawrence Valin (France)

Découvrez la bande-annonce de LITTLE JAFFNA avec Lawrence Valin, Kawsie Chandra, Puviraj Raveendran et Vela Ramamoorthy. "Virtuose et brutal" pour TECHNIKART. Un film écrit et réalisé par Lawre...

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LITTLE JAFFNA de Laurence Valin (France)

Date de sortie en salle : 30 avril 2025

Durée : 1h39 / genre : thriller dramatique

Avec Lawrence Valin, Kawsie Chandra, Puviraj Raveendran et Vela Ramamoorthy

Productions : Mean Streets et Agat Films & Cie / Ex Nihilo

Distributeurs : Zinc

Synopsis : Le quartier de « Little Jaffna » à Paris est le cœur d’une communauté tamoule vibrante, où Michael, un jeune policier, est chargé d’infiltrer un groupe criminel connu pour extorsion et blanchiment d’argent au profit des rebelles séparatistes au Sri Lanka. Mais à mesure qu’il s’enfonce au cœur de l’organisation, sa loyauté sera mise à l’épreuve, dans une poursuite implacable contre l’un des gangs les plus cachés et puissants de Paris.

Little Jaffna est le premier long-métrage du réalisateur et acteur Lawrence Valin formé à la Fémis. Pour son premier film, comme si cela n’était pas déjà un grand challenge, il a choisi d’être devant et derrière la caméra. Soit réalisateur et acteur ! C’est un peu casse coup.

Mais au final, est-ce que Lawrence Valin a réussi son pari ? Faire un film de qualité ? D’après le dernier festival du polar de Reims où le Little Jaffna a remporté deux prix, le prix du jury ainsi que le prix très convoité du public, il semblerait que oui.

Les films primés au festival du polar de Reims m’ont toujours attiré, comme Steppenwolf l’année dernière. Alors, quand j’ai reçu une invitation pour aller le voir, j’ai sauté sur l’occasion !

Little Jaffna montre le point de vue de la guerre civile séparatiste au Sri Lanka depuis Paris. Plus précisément, depuis le quartier où se regroupe la communauté des Tamouls qui ont fui le Sri Lanka. Il y a des enfants, des femmes et quelques hommes. Et comme la guerre a duré plusieurs décennies, des enfants devenus adultes.

Mais avant de commencer, parlons un peu d’histoire : le Sri Lanka s’est retrouvé partagé entre deux communautés : les Cinghalais, qui font partie de la majorité du pays avec environ 75 % des habitants, et les Tamouls, représentant environ 18 % de la population. Les Tamouls vivent essentiellement autour de la ville de Jaffna au nord du Sri Lanka pas très loin de l’Inde. En 1970, après avoir subi de nombreuses répressions, les Tamouls se sont révoltés et sont devenus les Tigres Tamouls, un mouvement séparatiste. Les Tigres Tamouls n’hésitaient pas à porter des bombes et à se faire sauter tels des kamikazes. Cette guerre a été sanglante avec pas loin de cent mille morts. Pour les Tamouls, la famille est très importante et ils accordent un grand respect pour les relations familiales. Ils accordent également une grande importance à l'éducation. Par ailleurs, les Tigres tamouls ont mis en place des réseaux de financement à travers plusieurs pays, exploitant la diaspora tamoule pour collecter des fonds et garantir un flux financier constant. En mai 2009, un événement décisif a marqué l'éradication définitive du mouvement : la mort de son fondateur et leader, Velupillai Prabhakaran, lors d'une opération militaire ayant conduit à l'effondrement total de l'organisation.​ Nous verrons ces points bien illustrés dans le film.

Après ce petit résumé historique, revenons au film … Little Jaffna se déroule donc dans les rues de Paris, dans les quartiers nord où les Tamouls se font discrets. Il ne faut pas attirer l’attention afin de pouvoir gérer un business très lucratif. Aya (L’excellent Vela Ramamoorthy) est en quelque sorte le parrain des Tamouls parisiens. C’est lui qui régit les lois et il sait se faire respecter avec sa batte de cricket. Le cricket étant un sport surtout pratiqué dans les pays d’Asie, d’Inde. Cette batte a une forte signification. Une sorte de symbole du pays. Et il sait très bien pratiquer la batte! Aya est à la tête d’une organisation secrète qui prélève une sorte d’impôts à la communauté Tamoul. Ces impôts servent à financer la guerre des Tamouls au Sri Lanka. C’est donc une organisation terroriste qui fait du blanchiment d’argent. Les Tamouls suivent en boucle la guerre depuis les informations diffusées à la télévision. Chaque jour apportant un grain de malheur supplémentaire pour cette communauté minoritaire. Mais le blanchiment d’argent, ce n’est pas bien ! Et le terrorisme encore moins. Alors, les autorités françaises vont essayer de s’infiltrer dans l’organisation afin de faire tomber la tête dirigeante, Aya. Et c’est donc, un jeune Tamoul, Michael (Lawrence Valin) qui s’y prête. Michael est arrivé en France avec sa grand-mère suite au décès de son paternel Tigre Tamoul. Son père a fait un attentat suicide au Sri Lanka sous l’effigie des Tigres Tamouls. Un martyr respecté par Aya. Sa grand-mère souhaite que son petit-fils soit intégré dans la société française. Il a donc reçu une éducation plutôt proche de celle des français que celle des Tamouls. Quand Michael va infiltrer l’organisation d’Aya, il va apprendre par ce biais la culture Tamouls qu’il n’a pas forcément reçue. Il va se rapprocher de ses racines, de ses cultures. A commencer par manger avec les mains et non avec une fourchette. Mais pourra-t-il trahir ses frères de sang qui l’ont accueilli comme un des leurs ? Et s’il se faisait choper en tant qu’infiltré ?

Little Jaffna nous montre des rues de Paris que nous ne voyons pas sous ce prisme. Le film parle d’immigration forcée suite à une guerre civile, à une perte de racine et d’identité où les immigrés ne sont ni intégrés dans le pays où ils vivent, ni dans leur pays d’origine. Michael va se voir petit à petit intégré dans ce clan mafieux où l’on paie le prix fort lorsque que l’on déroge aux règles. La scène où un infiltré se fait choper est un point fort du film. Pour un polar, généralement des films noirs et sombres, Little Jaffna est très coloré. La photographie est très belle ainsi que les habits que portent les personnages, des habits très colorés. L’un des points forts du film est les acteurs. A commencer par Lawrence Valin. Il est époustouflant et il est assez facile d’éprouver des sentiments pour son personnage et d’être à ses côtés tout au long du film (La scène de la poursuite dans les rues de Paris). L’acteur Vela Ramamoorthy qui interprète Aya, est un grand acteur indien. Il a beaucoup de charisme. Une aura. L’allure de son personnage a beaucoup de ressemblances avec le dirigeant historique Velupillai Prabhakaran des Tigres Tamouls. Il y a aussi le charismatique acteur Puviraj Raveendran dans le rôle de Puvi, bras droit d'Aya et celui qui a fait entrer Michael dans le clan. Le parrain de Michael. Puvi est dur, mais il est aussi sensible lorsqu’il est amoureux. C’est un personnage assez bien développé dans le film au côté de celui de Michael. On éprouve une certaine sympathie envers son personnage. Et pour finir en beauté, il y a la très belle actrice Kawsie Chandra dans le rôle de Selvi, l’amoureuse de Puvi. Elle est toute en délicatesse, justesse. On apprend par ce biais amoureux que Puvi est orphelin et que les orphelins sont très mal vus par les Tamouls. Ils sont au plus bas de l’échelle sociale. Alors marier sa fille ou bien sa sœur à un orphelin n’est pas facile à accepter.

Little Jaffna est comme un uppercut reçu en plein dans le foie ! C’est un film poignant, percutant qui nous dévoile une communauté Tamoul que je ne connaissais pas. Le film est autant divertissant qu’instructif, ludique. Le rythme du film est assez bien orchestré, même si le film aurait pu être un peu moins long d’une dizaine de minutes. Et en parlant d’orchestration, le film est doté de belles musiques dont un rap lors d’une cérémonie religieuse ! Little Jaffna est un très bon premier film efficace. Si vous aimez les polars, je ne peux que vous le recommander ! Little Jaffna a de nombreuses qualités.

Festivals : Festival de Venise 2024, Toronto International Film Festival, Reims Polar, Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz, Festival Premiers Plans d'Angers, Festival du Film de Sarlat

Mad Oliver