AVANT LA NUIT d'Hervé Freiburger (France)

AVANT LA NUIT (Before nightfall) d’Hervé Freiburger (France)

2022 – fantastique / drame – 27 minutes

Avec Héloïse Bousquet, Paul Hamy, Elisa Lasowski.

Production : Les Films du tonnerre

Synopsis : Un homme solitaire et désespéré n’utilise plus ce don précieux qui lui permettait de guérir les gens. A contre cœur, il va accepter de venir en aide à une femme et à sa petite fille tourmentée par des cauchemars de fin du monde.

Avant la Nuit est le quatrième court-métrage du réalisateur alsacien Hervé Freiburger qui s’était prêté en 2014 à l’exercice de réaliser un des trois sketches de Le Jour de la Comète (Les deux autres sketches ont été réalisés par Sébastien Milhou et Cédric Hachard). Le Jour de la Comète regroupe trois histoires de science-fiction où un personnage fait un vœu suite à la traversée d’une comète dans le ciel. Hervé Freiburger a réalisé la première histoire de ce film à sketches, la meilleure à mon goût, en tout cas j’y ai été plus sensible, qui raconte les faits d’un adolescent et d’un ami poilu … (Donnie Darko es-tu là ?). Le segment est plutôt sympathique et bien foutu. J’ai découvert l’univers cinématographique du réalisateur bien après, en 2017 avec le court-métrage fantastique E Elsassisches Axt Massaker (Imprononçable pour un non alsacien !). Un court-métrage délirant se déroulant dans une forêt avec pas mal d’hectolitres d’hémoglobines. La photographie, l’univers et les effets spéciaux sont de bonnes factures. En 2018, Graines fait son apparition, une histoire à la Stephen King se déroulant dans un champ de maïs avec un écho environnemental, sujet cher au réalisateur.

Petit à petit, Hervé Freiburger sème ses graines filmiques dans les champs cinématographiques avec de belles sélections dans les prés des festivals. Avant la Nuit est un court-métrage à la lisière de l’expérimental,  contemplatif qui installe son climat angoissant et apocalyptique dans les superbes forêts vosgienne de La Bresse. Rien que pour cela, le film aurait dû avoir sa place au dernier Festival de Gérardmer !

Les premiers plans d’Avant la Nuit  sont des images de notre planète en détresse avec les dérèglements climatiques entraînant tempêtes et inondations de plus en plus fréquents. Nous suivons le protagoniste, célibataire et solitaire qui travaille dans une scierie. Son hyper sensibilité lui a fait découvrir un don, celui de voir des choses. Une mère va frapper à sa porte pour lui demander de l’aide au sujet de sa jeune fille qui fait des cauchemars de fin du monde.

« Il s'agit sans aucun doute de la chose la plus personnelle que j'ai réalisée. J'y traite de la solitude, de la dépression...d'effondrement également et de l'impact qu'à sur nous un avenir sombre et incertain. Mais au milieu de la noirceur, c'est aussi et surtout un film qui parle de connexions, de l'importance de s'accrocher ainsi que de cette lumière que l'on a au fond de nous et qui peut tout changer. », Hervé Freiburger.

L’histoire d’Avant la Nuit est né des angoisses et de la sensibilité du réalisateur face à ce que l’on fait subir à la planète et donc à la nature. C’est un film sombre, très noir, comme l’a indiqué son réalisateur, mais avec une petite touche de lumière. Et la lumière fut après la nuit. Avant la Nuit peint un homme seul, dépressif de supporter un poids qu’il ne veut plus subir, c’est une plongée au cœur des ténèbres. 

 « Je veux que ça s’arrête » dit l’acteur Paul Hamy (Le dernier voyage de Romain Quirot) au début du film face à sa mère. Paul interprète avec justesse le protagoniste principal, solitaire et hyper sensible ayant un don pour voir des choses (Encore une référence à Stephen King, Dead Zone). Il va tenter d’aider une mère et sa jeune fille au crépuscule d’un nouvel air, d’un nouveau monde. L’actrice Elisa Lasowski (Blood Machines de Raphaël Hernandez et Seth Ikerman) apporte de la douceur et du charme au rôle de la maman ne sachant plus quoi faire pour sa fille en détresse face à des terreurs nocturnes de fin du monde.

Eloi Rimmelspacher (Graines) signe une superbe photographie avec de belles scènes de paysages vosgiens ainsi que la scène se déroulant dans la chambre de la petite fille. Une scène pleine de lumière, un brin féerique avant la tombée de la nuit et de son obscurité. La peur face à la nuit, de se retrouver seul dans le néant. La nuit enveloppe tout sur son passage, et tout disparaît. Quand vient les ténèbres, nous ne pouvons plus fuir nos actes et le jugement tombe.

La musique d’Alexis Dehimi, angoissante, accompagne à merveille les images et le climax du film. C’est comme un étau qui se resserre.

Avant la nuit a été sélectionné au Feffs 2022 ainsi qu’au Bifff 2023.

Mad Oliver