COLONIE de Romain Daudet-Jahan (France)

COLONIE de Romain Daudet-Jahan (France)

2021 – Fantastique / 13 minutes et 21 secondes

Avec Andrea Maggiulli, Vincent Debost, Maxime Desuert

Production : Bobi Lux

Synopsis : Seul dans sa maison, Léo, 12 ans, ne veut pas partir en colonie de vacances. Alors que l'heure du départ approche, une présence inquiétante rôde, qui imite sa voix.

Colonie est le troisième court-métrage du réalisateur Romain Daudet-Jahan (Les champs magnétiques et Kaboom).

La particularité de Colonie est un court-métrage qui repose sur les épaules d’un seul acteur, Andrea Maggiulli et son chat !

Andrea interprète un adolescent complexé par son physique qui ne sort quasiment jamais de la maison familiale. On se doute que ses amis se comptent sur les doigts d’un doigt. Désespéré, son père l’a inscrit à une colonie de vacance afin qu’il puisse se faire des amis. Mais Léo ne veut pas y aller et un truc dingue va se produire …

Colonie est un court-métrage qui emprunte le genre fantastique comme prisme à un mal être du protagoniste. Une défaillance psychologique, un doublement de la personnalité. Un moi avec son surmoi. L’inconscient et le conscient. Le véhicule de ce phénomène étant l’eau, source de vie et de renaissance. Un incident, un accident va se produire dans la piscine avec un vacarme débridant les limites du subconscient. Andrea Maggiulli joue donc deux personnages et il s’en sort plutôt bien.

Colonie est un court-métrage intéressant qui joue sur le doublement de la personnalité ou bien sur une force extraterrestre qui prend la forme de notre corps pour nous remplacer, tels les « changelings » qui prennent possession de nos corps (Samhain de Kate Dolan). Et si au fil du temps, nous étions tous remplacés par des extraterrestres, des aliens ? Et si le Président de la République était un … ?

Il y a un joli travail autour du « sound design » qui apporte ces touches d’étrangetés.

Dommage que le court-métrage n'ait pas un rythme plus soutenu, comme si le temps s’était lui aussi doublé, distordu quelque part dans un monde parallèle.

Colonie a été sélectionné au Feffs 2022 et a remporté l’Œil d’Or ainsi que le Prix Ciné+ Frisson du meilleur court-métrage au Pifff 2022.

Mad Oliver.

Comments

[CHRISTINE Leconte-Simonnet]

voici la critique lauréate collège du concours "critique sur court" de Court Métrange suite à la séance :
" Comme deux gouttes d’eau
Amateurs de fantastique et d’angoisse préparez-vous, le spectacle commence ! Après
Champs magnétiques, Colonie le nouveau court-métrage de Romain Daudet-Jahan va vous
surprendre. Dans ce film, le réalisateur raconte l’étrange histoire de Léo, garçon en surpoids
qui refuse de partir en colonie.
Au moment de partir en courses, le père demande à son fils de finir ses bagages avant
son retour. Mais Léo ne l’écoute pas et profite de son absence pour faire disparaître sa valise
dans la remise au fond du jardin. Alors que l’adolescent achève son plan, l’ambiance bascule :
une brève et puissante secousse précédée d’un bruit sourd se fait ressentir. Quel phénomène a
bien pu faire trembler les murs ? En apparence le monde de Léo n’a pas changé et pourtant…
L’étrange a pris place dans ce décor familier. La tension monte à mesure que le garçon
regagne la maison en longeant la piscine dont l’eau s’agite mystérieusement. De plus, ce qui
attend Léo à l’intérieur est stupéfiant. L’angoisse succède à l’étrange et envahit l’adolescent
lorsque son double lui fait face.
Treize minutes de tension. Romain Daudet-Jahan illustre les confrontations entre les
personnages avec un premier champ-contrechamp qui marque l’opposition entre le père et son
fils adolescent. Un second, plus intéressant, exprime la rivalité entre Léo et son clone au sujet
du départ en colonie. La bande-son, tour à tour stridente puis grave et qui mêle des bruitages,
renforce le suspense. De même, cette réalisation méthodique emprunte aux classiques du
genre, notons à ce propos la référence à la mythique scène de la douche de Psychose d’Alfred
Hitchcock ou encore la séquence de la piscine qui se termine sur le visage hurlant du garçon.
Nul doute, nous baignons avec Léo dans un monde d’angoisse, de suspense et d’étrangeté.
Mais ce court-métrage relativement sage dans sa réalisation surprend toutefois par la
finesse de la narration : le réalisateur parvient à nous plonger dans un monde parallèle, figuré
par la lutte de Léo avec son double au fond de la piscine. En effet, l’apparition d’un élément
étrange bouscule et nous transporte dans une histoire digne de l’univers de La Quatrième
dimension.
Mais attention ce scénario déroutant montre plus qu’il n’y paraît. Au fond, Romain
Daudet-Jahan s’intéresse à l’adolescence. Loin des clichés, l’histoire est construite du point de
vue de Léo. De plus, les nombreux plans rapprochés renforcent sa présence à l’écran. Ainsi,
Colonie dessine peu à peu l’identité complexe d’un adolescent : les surfaces réfléchissantes
(miroirs, fenêtres et eau) renvoient l’image de Léo et laissent présager une présence
mystérieuse et monstrueuse, le double qui surgit et le combat qui s’ensuit.
Finalement, Colonie s’avère être un bon court-métrage sans être exceptionnel, qui
vous aidera peut-être à mieux nous connaître, nous les adolescents"

[lecinemadolivierh]

C'est bien écrit, posé et très détaillé. Je suis assez d'accord avec ces propos.