MEMORY HOUSE de João Paulo Miranda Maria (Brésil - France)
Date de sortie en salles : 31 août 2022
93 minutes – drame fantastique
Avec Antonio Pitanga, Ana Flavia Cavalcanti, Aline Marta Maia, Soren Hellerup, Sam Louwyck.
Production : Be Bossa Entertainment (Brésil) et Maneki Films (France)
Distributeur : Tamasa
Synopsis : Cristovam, originaire de l'arrière-pays brésilien, travaille dans une usine à lait d'une région prospère du Brésil, ancienne colonie autrichienne. Il s'y sent seul, marqué par les différences culturelles et ethniques. Un jour, il découvre une maison abandonnée remplie d'objets lui rappelant ses origines. Il prend progressivement possession de la maison. Curieusement, des objets y apparaissent, sans explication, comme s'il s'agissait d'un lieu « vivant ».
Voilà un film brésilien bien étrange qui a été sélectionné au Festival de Cannes en 2020. Le film a été dans des cartons pendant environ deux ans, je présume dû à cause des salles fermées et de la crise sanitaire, avant donc de sortir en salles à la fin du mois.
Memory House est le premier long-métrage du réalisateur brésilien João Paulo Miranda Maria qui avait déjà été sélectionné en compétition à Cannes dans la catégorie court-métrage pour La Jeune fille qui dansait avec le diable.
Le film débute dans une usine de lait avec des scènes digne d’un film de science-fiction post-apocalyptique avec un ton glacial. On ne sait pas trop dans quoi on est embarqué jusqu’à ce que le film se resserre sur le protagoniste principal (Superbe Antonio Pitanga) qui travaille dans la fabrique. C’est un homme âgé et solitaire qui est parti du nord pour aller travailler dans le sud où il est exploité par son patron. L’homme semble être en quête d’identité, à la recherche de ses origines de ses racines, d'avoir une relation ambiguë avec une jeune femme dans un bar.
Le rythme de Memory House est lent, peut-être trop, avec très peu de dialogue, la seule compagnie du personnage principal étant un chien, cible de jeunes voyous. Alors, il faut se laisser bercer par ce rythme particulier à défaut de passer à côté du film. Le réalisateur ne donnant pas beaucoup d’explication, il faut se contenter de ce qui est montré avec un brin d’imagination. Et cela n’est pas un exercice facile surtout lorsque l’on s’attend à un film qui vous donne tout sur un plateau sans que vous ayez à réfléchir. Ajoutez à cela un aspect fantasmagorique qui est une maison délabrée en plein milieu d’une forêt remplie d’objets curieux que le protagoniste dévoile peu à peu. A qui est cette maison ? A ses ascendants ? Existe-t’elle réellement ou bien est-ce le fruit de l’imagination du vieillard ?
A travers son histoire, Memory House est une allégorie de la société brésilienne contemporaine. Le film dénonce les disparités entre le nord (pauvre, peuplé par des descendants d’esclaves) et le sud (plus riche). Les deux parties du pays semblent se détacher avec un sud qui se veut indépendant du nord trop couteux. Il y a une certaine instabilité dans le pays avec une pauvreté accrue, une forme de racisme, une recherche d’identité dans un pays conservatisme.
" Le film est une métaphore de cette situation où le racisme, le machisme et l’intolérance sont très présents. Il dépeint un Brésil perdu dans le temps, où l’on voit un futur arriéré, exagéré et contradictoire. Un pays qui va vers le passé, en pensant que c’est le futur. Le personnage lui-même a ses conflits intérieurs, et marche vers un passé lointain à la recherche d’une renaissance.", João Paulo Miranda Maria
Pour la petite anecdote, le réalisateur João Paulo Miranda Maria a eu l’idée du film à la suite d’un rêve dans lequel il se trouvait dans une maison remplie de souvenirs et d’objets de son passé. Et dès la phase de l’écriture du scénario, le réalisateur pensait à l’acteur Antonio Pitanga (81 ans) pour l’interprétation du rôle principal. Antonio Pitanga porte le film sur ses épaules et arrive à faire ressentir des sentiments pour son personnage sans user de la parole. Quelle interprétation !
« L’irruption surnaturelle de l’invisible au cœur du visible a toujours été présente dans mes films. Différents espace-temps et dimensions se rencontrent au sein d’une même scène. »
Mad Oliver