CHARGE MENTALE de Benjamin Malherbe (France)
4 minutes et 39 secondes / science-fiction
Avec Jean-Noël Malherbe.
Production : Caméra Subjective
Synopsis : Un vieux monsieur, seul dans son atelier, trouve le moyen de tromper sa solitude. Se fabrique un binôme de vie, un camarade… Ou peut-être juste un esclave…
L’histoire de la famille Malherbe au Festival de Gérardmer a commencé en 2008, où l’ainé, Arnaud Malherbe a remporté le grand prix du meilleur court-métrage pour Dans leur peau. Puis, l'histoire continue en 2022, avec la sélection en compétition officielle Ogre (actuellement dans les salles depuis le 20 avril), le premier long-métrage d’Arnaud qui est de retour dans les Vosges accompagné de son frère cadet, Benjamin, réalisateur du court-métrage Charge Mentale, sélectionné en compétition également. Une histoire de famille qui réussit à Gérardmer avec deux grands prix du meilleur court-métrage.
Revenons au court-métrage Charge Mentale qui a fait sensation au dernier Festival de Gérardmer, où les frères Ludovic et Zoran Boukherma (Willy 1er, Teddy), tous les deux président du jury court-métrage lui a attribué le grand prix. Charge Mentale est un de ces films qui utilisent le genre fantastique comme vecteur d'un sujet sociétal. Ici, il est question de parler des personnes ‘esclaves’ des tâches ménagères à la maison. Et plus particulièrement des femmes …
Au début du film, on voit le seul protagoniste de l’histoire concevoir un robot pour casser sa solitude et pour avoir une aide précieuse dans les tâches quotidiennes. C’est un vieil homme pouvant faire penser à ce cher Gepetto dans le futur, où le pantin en bois Pinocchio est remplacé par un robot. Pour la petite anecdote, le réalisateur avait reçu une caméra pour ses 40 ans, et il avait commencé à filmer son père, Jean-Noël Malherbe dans une maison à Saint-Mard. Il est devenu en quelque sorte ce Gepetto. Mais la différence entre Pinocchio et ce robot n’est pas le nez qui grandit, mais bien sa taille. Plus le vieil homme lui fait des reproches et plus le robot grandit à en devenir un géant de fer (clin d’œil du réalisateur). Plus le robot s’acharne à diverses tâches et plus il a des reproches du genre « Allez au boulot, cela ne va pas se faire tout seul faignasse, allez grouille, plus vite ». Pour au final se faire rejeter de la maison dû à sa grande taille, puis de se faire jeter comme du linge sale. La métaphore est toujours bien présente. Le géant de fer s’en va donc … Mais, le quotidien du vieil homme en est chamboulé …
« Le robot devient vite un esclave qui doit tout faire à la maison. D’où le titre, en référence à ce que peuvent vivre certaines femmes », Benjamin Malherbe.
Charge Mentale est une merveille fantastique. A commencer par la toute première scène du film avec un « sound design », des bruitages et une musique irréprochables. Le spectateur est embarqué directement dans l’histoire. Il n’y a pas de temps à perdre, il faut raconter une histoire en quatre minutes top chrono ! Les scènes s’enchainent, se suivent à un rythme assez dense pour le plus grand plaisir du spectateur. Les effets spéciaux réalisés par Benjamin Malherbe, qui a également réalisé le montage du film, sont impressionnants et réussis. A aucun moment, le robot sort du contexte, du cadre. Il est là et il est bien présent. On le croirait réel. Il y a aussi un super travail sur l’image, le cadre, la lumière et l’étalonnage. La photographie du film est proche de celle que l’on peut voir dans des films féeriques.
Dagerlöff & Galner a composé une musique dynamique qui accompagne magnifiquement les images.
Bref, c’est un véritable coup de cœur pour ma part surtout pour un film du genre « made home », une fabrication artisanale et familiale sans réelle production.
Juste un petit bémol, la fin est prévisible, mais tellement jouissive, que l’on le pardonne au réalisateur.
Ce grand prix au Festival de Gérardmer a plus que motivé Benjamin Malherbe à s’attaquer sérieusement à l’écriture d’un long-métrage avec un brin de fantastique. Je lui souhaite que du bonheur !
Charge Mentale est visualisable sur MyCanal :
https://www.canalplus.com/h/18455853_50001
Mad Oliver.