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LA TROISIÈME GUERRE de Giovanni Aloi - bande-annonce - le 22 septembre au cinéma
Bande-annonce de LA TROISIÈME GUERRE de Giovanni Aloï avec Anthony Bajon, Karim Leklou et Leïla Bekhti.Présenté à la Mostra de Venise (sélection Orizzonti) e...
LA TROISIEME GUERRE de Giovanni Aloi (France)
Date de sortie en salles : 22 septembre 2021 – 90 minutes - drame
Avec Anthony Bajon, Karim Leklou, Leïla Bekhti, …
Distribution : Capricci
Synopsis : Léo vient juste de terminer ses classes à l’armée et pour sa première affectation, il écope d’une mission Sentinelle. Le voilà arpentant les rues de la capitale, sans rien à faire sinon rester à l’affût d’une éventuelle menace …
Comme je l’ai entendu dire lors de la projection de presse par un journaliste présent dans la salle, allez voir un film de guerre pendant cette période un peu morose qu’est la situation sanitaire dû à la vilaine covid19 n’est pas trop enchantant et risque de réfuter quelques spectateurs. Ce n’est peut-être pas faux, mais au final, après la projection, La Troisième Guerre n’est pas (que) un film de guerre comme son titre peut l’indiquer à mauvais escient. Personnellement, le film m’a intéressé de par la présence de l’acteur montant du moment, l’excellent Anthony Bajon, que j’avais découvert dans Teddy de Ludovic et Zoran Boukherma. Et le film m’a fait également découvrir un autre acteur assez bon … Karim Leklou.
Mais de quoi parle La Troisième Guerre si ce n’est pas un film de guerre ?
En fait, je vous ai un peu menti au sujet de la guerre dû au fait que le film parle des opérations Sentinelle qui sont des opérations militaires de lutte contre le terrorisme. Un genre d’état de guerre en fait. Vous connaissez, mais si, impossible de ne pas avoir aperçu ce triangle militaire aux côtés des gares par exemple. Cela ne nous choque plus de voir ces militaires arpenter les rues, armés de Famas. La Troisième Guerre est à la lisière de la fiction et du documentaire, genre que le réalisateur a touché avec Pan Play Decadence en 2013. Le spectateur suit aux plus près trois protagonistes Léo Corvard (Anthony Bajon), Hicham (Karim Leklou) et Yasmine (Leïla Bekhti) tous les trois formant ce fameux triangle discipliné. Yasmine est le brigadier cheffe tandis que Léo et Hicham exécutent les ordres. La caméra s’insinue dans leur intimité dévoilant peu à peu leur vie respective. Yasmine essaie tant bien que mal de s’insérer dans un milieu très masculin qu’est l’armée et le fait qu’elle soit enceinte ne l’aide pas vraiment. Léo est un jeune désorienté dû à une famille éclatée et déséquilibrée. L’armée étant son refuge et en quelque sorte sa nouvelle famille à l’instar de son collègue Hicham. Ils ont en commun un besoin d’ordre établit suite à diverses raisons, comme une défaillance familiale ou un vide par exemple. La plupart du temps, ces jeunes engagés proviennent de familles modestes. C’est comme une seconde chance où on peut faire ses preuves et être utile à la société. Mais Hicham et Léo vont découvrir peu à peu que ce n’est pas vraiment le cas. Il ne faut surtout pas marcher sur les plates-bandes de la police et cela restreint leurs champs d’action. Ils sont là en appui aux forces de sécurité intérieure. La sécurité des citoyens pour la police et l’ordre pour les militaires.
La Troisième Guerre est à la fois un film critique des Sentinelles et de leurs utilités, surtout comme le film le fait remarquer, elles existaient déjà avant les attentats de 2015 et elles ne l’ont pas empêché. On peut donc se poser la question de leur présence et de leur objectif. Mais le film s’attarde aussi sur les trois protagonistes vus de l’intérieur. Trois paumés en quelque sorte qui ont atterri dans l’armée, un peu comme les jeunes des DOM-TOM qui s’engageaient loin de chez eux pour trouver du travail. L’un des seuls que l’on leur proposait. Oui, La Troisième Guerre est une satire sociale, qui gratte et démange, de notre société contemporaine vue par un étranger, un Italien. Mais les Sentinelles ont également fait échouer plusieurs tentatives d’attentats sur notre sol et servent surtout à dissuader toute action contre notre sécurité.
La Troisième Guerre est portée par trois grands acteurs. Leïla Bekhti découverte pour ma part dans Sheitan de Kim Chapiron. Mais surtout les deux acteurs Anthony Bajon et Karim Leklou qui crèvent l’écran avec leurs personnages attachants et émouvants. Deux protagonistes en marge de la société, deux losers, deux perdus dans cette jungle. Après Teddy, Bajon continue son avancée dans un cinéma plutôt physique que parolier. Il n’a pas vraiment besoin de parler pour faire ressentir des émotions au spectateur. Karim Leklou est ma grosse découverte du film. Il en vient presque à voler la vedette à Anthony. Au début, on le perçoit comme une brute épaisse, puis le film commence à éplucher des couches de sa personnalité et on s’aperçoit que c’est un être sensible qui a besoin de combler un vide. Il est également à l’écran actuellement dans Bac Nord de Cédric Jimenez.
La Troisième Guerre est un film qui fait réfléchir sur les opérations Sentinelles mais aussi sur les militaires, ses engagés qui les représentent. Qui sont-ils ? Pourquoi se sont-ils engagés ? Sont-ils des bombes à retardement un peu comme le personnage dans Taxi Driver de Martin Scorsese. « Nous sommes en guerre » comme l’avait dit le président Macron face à la covid19. Mais ne l’était-on pas déjà avec ses Sentinelles dans les rues ?
Olivier H.