Salut les Bifffeuses et Bifffeurs, voici le compte rendu des longs-métrages et courts-métrages que j’ai visionnés cette semaine (dernière ligne droite de folie pour les rétines) :
BEYOND THE INFINITE TWO MINUTES de Junta Yamaguchi (Japon)
Voilà un scenario bien écrit par Makoto Ueda, complètement fou en gestion du temps. J’en connais plus d’un, ou au moins un, moi, qui ait fait l’expérience de vérifier que le temps écoulé entre deux scènes était bien de deux minutes comme indiquées dans le film. Ce dernier est tourné comme un seul plan séquence (comme si la caméra tournait sans jamais s’arrêter) et donc le temps qui est le thème principal du film est magnifiquement maitrisé. Pour cela, Beyond the infinite two minutes pourrait être un film Suisse. La mise en scène est assez dingue. Je ne vois pas comment on peut réaliser ce genre d’OFNI (Objet Filmique Non Identifié) sans pouvoir aller dans le futur et le passé tout à la fois … Seconde grosse claque, tsunami dans la gueule en provenance du Japon après le culte Ne Coupez Pas de Shin'ichirô Ueda. Beyond the infinite two minutes est pour moi l’un des films à voir absolument. S’il ne repart pas avec un prix, c’est que son Droste Tv ne fonctionne pas tant que cela, à moins que ce soit les agents du f…. ?
POST MORTEM de Péter Bergendy (Hongrie). Le film a fait couler beaucoup d’encres sur les réseaux sociaux (Notamment Facebook) pendant ces deux semaines Bifffiennes (Gargantuesques). « Film à voir, film en haut du top, film qui a fait peur à 102% des spectateurs (hein ?) ». Et bien je m’attendais à LE film du festival, quoique après Beyond the infinite two minutes, c’était un peu compliqué tout de même. Mais vous verrez un peu plus bas que c’est possible ... La scène d’ouverture (première guerre mondiale) est très bien réalisée et on se dit que l’on tient une pépite entre les mains. Puis la guerre est finie et une pandémie pointe le bout de son nez: la grippe espagnole emboite le pas. Le métier de photographe de cadavres est donc en pleine expansion et bien juteuse, sauf si les macchabées en veulent pour leur argent … Post Mortem est selon moi trop lent avec des longueurs (elles sont tellement longues, que l’on voit ce qui va venir). Les effets visuels qui étaient impressionnants lors de la scène de guerre en deviennent trop répétitifs dans le film. Bref, voilà une petite déception bien ennuyeuse, où je regardais de temps en temps ma montre, mais ce n’était pas pour vérifier le timing de la mise en scène …
THE BARCELONA VAMPIRESS de Lluis Danés (Espagne). Les films de genres espagnols sont en vogue depuis environ deux décennies et on attend beaucoup de ces films depuis le renouveau avec des réalisateurs comme Jaume Balaguero (Rec) ou encore Juan Antonio Bayona. La barre est donc placée assez haute pour le réalisateur catalan Lluis Danés qui réussit ici à distiller un film avec une magnifique photographie naviguant dans le noir et blanc avec quelques touches de couleurs par-ci par-là. La photographie annonce la couleur du film : c’est un film sombre. C’est la grande réussite de The Barcelona Vampiress. Par contre coté personnages, je ne me suis jamais sentis attaché à l’un d’eux, malgré leur potentiel dramatique respectif. Chacun ayant sa part sombre. L’histoire, encore autour d’enfants, thème plus que récurrent pour des films espagnols, ne fonctionnent plus pour moi. Au final, le film est lent et long, malgré une intrigue assez bien ficelée et qui repose sur un fait réel autour d’Enriqueta Marti (une tueuse en série catalane, ravisseuse et proxénète d'enfants au début du vingtième siècle). C’est la touche qui fait que ce que raconte le film est intéressant et on a envie d’en savoir plus sur cette personne une fois le film fini. Wikipedia est ton ami …
PSYCHO GOREMAN de Steven Kostanski (Canada). Le réalisateur de The Void nous livre ici un film assez fou où deux enfants vont réveiller un démon interplanétaire qui a pour but de tout anéantir : Psycho Goreman ou PG pour les intimes. Le film est un What The Fuck qui remplit pleinement les fins de soirées avec un gros délire et ses scènes gores. La jeune actrice Nita Josée Hanna est formidable dans son rôle de petite gamine à forte tête qui n’a peur de rien et qui manipule son frère par le bou du nez. Une actrice à suivre de près … Psycho Goreman est un hommage aux années 80-90 à savourer entre potes pour un bon délire. Côté divertissement, le film fait son job et c’est une bonne surprise. Un régal !
SHADOWS de Glenn Chan (Hong-Kong). J’aime bien les films psychologiques où on rencontre toujours des personnages intéressants d’un certain point de vue. Dans Shadows, une psychologue arrive à entrer littéralement dans le subconscient de ses patients. On ne peut pas dire qu’elle ne s’investie pas cœur et âme avec ses patients. L’actrice Stephy Tang est magnifique, tout en justesse. Le film tient la route avec une intrigue qui nous tient en haleine. Un jeu du chat et de la souris est ouvert. Shadows est un bon thriller sur le pouvoir des psychologues … Ce fut une bonne surprise pour ma part.
HITMAN : Agent Jun de Choi Gagné (Corée du Sud). Ce film Coréen est un hybride entre prises d’images réelles et animations. Dommage que ces derniers ne soient pas vraiment réussis. Il y a un peu de Nikita là-dedans aussi. Une organisation secrète de la police recrute de jeunes orphelins pour en faire leurs élites. Mais l’agent Jun veut prendre en main son destin en se passant pour mort lors d’une mission très risquée et le voilà-t-il pas catapulté en père de famille qui vit aux crochets financiers de sa femme pendant qu’il se la coule douce sur sa planche à dessins. Petite déception pour ma part. Hitman : Agent Jun est encore un film trop long à la limite de l’ennui. Le côté dérision n’est pas assez appuyé je trouve et je n’ai jamais ressenti d’empathie envers les personnages …
SON de Ivan Kavanagh (Irlande / Etats-Unis). Le réalisateur Ivan Kavanagh m’avait très déçu avec The Canal vu à L’Etrange Festival il y a quelques années. Côté casting dans Son il y a tout de même Emile Hirsch, dans le rôle du flic amoureux et Andi Matichak (Halloween de David Gordon Green) dans le rôle d’une mère à la limite de la schizophrénie. Et Luke David Blumm, dans le rôle parfait de l’enfant perturbé. Son mélange les références (The Exorcist, Rosemary, …), mais elles sont bien digérées et rendent un film haletant et tenant de bout en bout. Contrairement à d’autres films déjà cités, on ressent des sentiments pour les personnages. Le film est une réussite, même si la fin m’a laissé un peu sur ma faim …
VICIOUS FUN de Cody Calahan (Canada). Attention, vous tenez entre vos mains, le meilleur film, selon moi, de cette cuvée 2021 ! Vicioux Fun a une atmosphère pesante, malsaine et un côté déjanté bien réglé. Le casting est la clé de cette réussite. Evan Marsh interprète Joel, un jeune adulte, critique de cinéma et encore célibataire vivant en colocation avec la belle Sarah (Alexa Rose Steele). En gros, il se fait de temps en temps des films … avec sa coloc jusqu’à sa rencontre dans un bar avec Carrie (Amber Goldfarb). Dans le rôle de Fritz, on retrouve l’acteur charismatique Julian Richings vu dans Anything for Jackson également projeté au BIFFF. Décidément, j’adore cet acteur. Il a encore ici un rôle bien déjanté à la hauteur d’un Joker ! Bref, le casting est vraiment bon sans oublier le molosse Robert Maillet (Umbrella Academy), ainsi que la mise en scène qui ne traine pas et emboite le pas entre scènes hilarantes et les scènes d’actions. La musique composée par Steph Copeland est superbe. Bref, Vicioux Fun est le film le plus fun de ce BIFFF, le plus réussit et le plus dans l’esprit d’une projection au BIFFF … Alléluia ! Cerise sur le gâteau, les girls sont charmantes à s’en couper … la main !
VIOLATION de Dusty Mancinelli (Canada). Je trouve qu’il y a eu pas mal de films canadiens cette année au BIFFF, vous ne trouvez pas ? Dernier film vu, à défaut d’avoir pu voir Bloody Hell, je ne sais pas trop pourquoi il n’était plus accessible, mais bon … Comme le palmarès venait de tomber et que Violation venait de remporter un prix, je déclenche le magnéto pour le mater. Houlala, catastrophe, je n’adhère pas au rythme trop lent, trop contemplatif à mon goût pour cette histoire de « rape and revenge ». Le montage est particulier faisant de nombreux flash backs et je suis resté à côté de la route. Certes, le sujet était intéressant, même si depuis Revenge de Coralie Fargeat, on n’est plus surprit …
Pour terminer cet article un peu long, voici le côté fenêtres sur courts :
MIGRATIONS de Jérome Peters (Belgique). Voilà un court-métrage survolté 200% belge et Dieu que cela fait du bien. C’est l’histoire d’une famille de fermiers, un peu en autarcie, qui vont avoir une visite surprise d’un Alien. Déjà qu’ils n’aiment pas trop les migrants, alors les extraterrestres avec leur doigt au bout rouge … Le court-métrage est complètement tcharbé, déglingué et fou. Il y a de l’humour noir, beaucoup, ainsi que des coups de feu. Pas le temps de s’ennuyer avec les situations hilarantes qui s’emboitent à une vitesse folle. Et la cerise sur le gâteau, l’acteur Jean-Luc Couchard endosse le rôle principal avec à ses côtés, des personnages secondaires délicieux. Le seul défaut du court-métrage est que c’est un court. Migrations est un coup de cœur !
THE LAST MARRIAGE de Gustav Egerstedt et Johan Tappert (Suède). Pour le meilleur et pour le pire comme on dit en Amour … Les deux protagonistes de l’histoire, un jeune couple rescapé au milieu de zombies vont le mettre en pratique. Buter des zombies à longueur de journées comme si cela est normal, bouffer toujours les mêmes plats, la routine quoi ! Mais vous savez bien que les femmes n’aiment pas la routine et aiment être surprise hein ? The Last Marriage fait passer un bon moment avec de bonnes idées scénaristiques, les acteurs jouent avec justesse et les scènes gores viennent compléter le tableau. Un bon divertissement.
WHO GOES THERE ? de Astrid Thorvaldsen (Royaume-Uni). Minnesota 1880, trois sœurs Norvégiennes, dont une gravement malade, vont recevoir la visite d’un étranger, soit disant médecin. Putain, ça tombe bien, on a une malade à la maison! Who goes there ? est un western fantastique et c’est assez peu courant pour que cela soit une raison de le visionner. Certes, le court-métrage est assez lent et a des longueurs mais son côté original est intéressant.
FIVE COURSE MEAL de James Cadden (Canada). Carte blanche de « Courts Mais Trash », festival éponyme. Une autre histoire d’amour après The Last Marriage qui tourne mal. Un couple s’enferme dans un genre de laboratoire où leur sont distribués de bons petits plats. Mais quand le restaurant ferme et que l’on n’a pas encore assouvi sa faim (fin ?) … un jeu cruel et charnel. Intéressant
UN CALME ETRANGE de Austin Rourke (Etats-Unis). Le destin tragique de deux enfants qui croisent le chemin d’un psychopathe. Pour un court, c’est trop lent … dommage, je n’ai pas adhéré. Trop calme (chiant ?) pour moi et peu original.
UPSTAIR de Phillip Trow (Royaume-Uni). Une famille endeuillée reçoit le nouveau petit ami de l’ainée lors d’un diner qui tourne mal. On ne choisit pas sa famille mais mieux vaut choisir sa belle-famille, hein ? Bon appétit !
YOU DON’T KNOW ME de Isabelle Giroux et David Emond-Ferrat (Canada). Petit court-métrage sympa se déroulant dans une station-service, avec une intrigue (un corps retrouvé dans le frigo) et dont sa chute finale en fait tout son charme.
BEYOND THE SKIN (Après la peau) de Hugo Dao (France). Beyond the Skin est un projet de fin d’étude de l’école ESRA avec l’acteur David Sallès qui se retrouve dans un cauchemar kafkaïen. La photographie lugubre du film impose le ton du film qui est dramatique. David Salles interprète avec justesse ce rôle d’un père meurtri depuis qu’il ne peut plus voir son fils. On ne connaitra pas la raison, mais cela n’empêchera pas de se faire une idée sur la raison vu l’état mental du paternel, un poil dérangé ! La musique est superbe, le jeu d’acteur bon. Un bon court-métrage bien de chez nous !
BFF Girl de Brian Lonano (Etats-Unis). Continuons sur notre lancée avec cette carte blanche du festival Courts Mais Trash qui nous a délivré quelques pépites (Fais pas chier). Et ben là, c’est tellement déjanté et décalé, que je n’ai pas adhéré au film ! Pourtant tellement Bifffiens ! Ce n’est pas à mon goût ou je m’attendais à autre chose que cette histoire tournant autour du jour où les jeunes filles deviennent des femmes chiantes tous les 28 jours !
NUAGE de Joséphine Darcy-Hopkins (France). Sortie de l’ESRA, la réalisatrice Joséphine Darcy-Hopkins (Le Jour où maman est devenue un monstre) de l’association Les Films de la Mouche, s’en sort plutôt pas mal. Dans Nuage, on suit en mode « road movie », deux jeunes filles avec la mère d’une d’entre elles gravement malade qui fuient un énorme nuage toxique. Mais que fuient-elles réellement ? Le nuage ou autre chose ? Nuage est un court-métrage intimiste qui prend son temps. Le final est percutant.
HORRORSCOPE de Pol Diggler (Espagne). Un court-métrage barré et déglingué 200% BIFFF !
Je remercie Jonathan Lenaerts et toute l’équipe du BIFFF (Youssef, Stéphane et Kahina en autres). Et vive le BIFFF !
Olivier H.
BIFFF 2021 : compte rendu de la première semaine online - Le blog du cinema d' Olivier H
Cette année le Brussels International Fantastique Film Festival ne sera pas annulé comme l'année dernière, mais sera online (Le BIFFF s'invite donc chez vous et vous livre même les Trolls ...