Finale de Stéphan Castang (France)
Année : 2020
Durée : vingt-six minutes et onze secondes
Genre : drame
Avec Chantal Joblon (Chantal), François Chattot (François), Jean-Pierre Kalfon (Jean-Pierre), Christian Delvallée (Kiki), Sébastien Chabane (Sébastien), Stéphan Castang (Dr. Bove)
Takami Productions avec la participation de Canal+, CNC, Adami
Pitch : le 15 juillet 2018, c’est la finale de la coupe du monde de football. Un groupe de vieux suit le match dans une maison de
retraite. Pendant que la France se bat contre la Croatie, Chantal, François et Jean-Pierre vont vivre leurs derniers amours.
J’ai découvert l’univers cinématographique du réalisateur Stéphan Castang à travers son quatrième court-métrage à mettre au Panthéon ! C’est bien évidemment Panthéon Discount (2nd de mon top 2017).
Stéphan a remis le couvert avec Finale, qui après avoir été diffusé en avant-première sur Canal+ (Emission Top of shorts) au début de l’été, le film parcourt actuellement les festivals (Off-courts de Trouville, Paris courts devant, Clermont Ferrand …).
Après avoir côtoyé le thème de la science-fiction d’anticipation avec Panthéon Discount, Stéphan Castang change de registre en se prêtant à l’exercice de la dramaturgie (même si elle était déjà un peu présente dans Panthéon). Dans Finale, toi spectateur, tu vas suivre une bande de vieux (Chantal, François et Jean-Pierre), ou bien est-ce plutôt une bande d’adolescents assoiffés de vivre chaque instant présent sans se soucier du lendemain ? Un peu les deux ma foi. Ce n’est pas parce que l’on est vieux que l’on n’a plus envie de se rouler un pétard et de le faire tourner entre vieux ou encore de faire l’amour comme si c’était la dernière fois ou la première fois … Des vieux un peu rock 'n' roll à la marge. Des "punkies" vieux !
Stéphan a choisi de montrer ces portraits de vieux avec un cadre serré sur les visages, à l’instar de ce qu’il avait déjà réalisé sur Panthéon. Toi spectateur, tu n’auras pas d’autre choix que de contempler, ou d’admirer ces beaux visages, usés par la vie, aussi bien par ses douceurs que par ses douleurs. En fait, derrière ces gros plans (magnifiques) de vieux, on voit des personnes fragiles, un peu perdues à l’instar d’adolescents. Une sorte de « vieulescents » ! De belles personnes qui vivent intensément l’instant présent. Les visages parlent d’eux-mêmes. A l’instar du personnage interprété par Jean-Pierre Kalfon, où la parole n'a pas besoin d'être présente pour faire ressentir de l’empathie au spectateur. Les visages sont frontaux sans fards et ils sont beaux. Ils expriment beaucoup de choses.
Il y a aussi l’instant présent de la finale de la coupe du monde de football entre la France et la Croatie, où la France (les jeunes) est en effervescence dans les rues pendant que les vieux sont « confinés » dans leur Ehpad devant l’écran de télévision. Il y a comme un contre-courant entre ce que vivent les jeunes et ce que vivent les vieux.
Quelle place laisse-t-on aux vieux de nos jours ? On les cloisonne ensemble dans des maisons de retraites et on leur rend une petite visite tous les quinze jours ... ?
Les acteurs sont formidables, à commencer par le duo Joblon / Chattot qui est magnifique (1er plan du film). Ils sont beaux, délicats, fragiles, mis à nus. (Chantal Joblon vient de décrocher un prix pour son interprétation au festival Paris courts devant). On a l'impression que Chantal fuit quelque chose via le cannabis et lorsque l'on lui ouvre les yeux, elle se retrouve face à ce qu'elle fuyait. Quand-t à François, il renvoie au spectateur une image d'un adolescent un peu naif qui se prend une méga claque par ... sa fille et son gendre. Puis il y a Jean-Pierre, perdu au milieu de tout le monde, échoué quelque part dans les limbes.
La musique de John Kaced (déjà interprète de la musique du court-métrage Fin de campagne de Castang) est magnifiquement tragique et accompagne somptueusement les moments dramatiques du film qui vont crescendo.
Pour conclure, on prend Finale comme on veut. C’est un peu comme un livre ouvert sur la vie, les vieux, la jeunesse, l’insouciance, la naïveté, la fête, l’exclusion, la famille, … Bref beaucoup de choses dans un tout petit court-métrage qui passe à une vitesse folle.
Olivier H.