Rencontre le 7 avril 2017 à Paris, du réalisateur Quarxx, dont son dernier court-métrage Un Ciel Bleu Presque Parfait a remporté de nombreux prix en festivals (Sundance, PSFF, Screamfest, CourtMetrange, …).
Quarxx, peux-tu te présenter assez brièvement ? As-tu suivi un cursus de cinéma ou bien es-tu autodidacte ?
Je dirais que je suis un artiste multimédia. Je ne suis pas uniquement réalisateur, je suis également artiste peintre. J’expose dans des galeries à Paris et en Asie, principalement en Chine. Je suis aussi photographe de formation. J’ai un cursus audiovisuel. Après l’obtention de mon bac aux Etats-Unis, j’ai fait deux ans à l’école à 3IS (Institut International de l’Image et du Son) en France. Ensuite, je suis retourné aux Etats-Unis où j’ai été diplômé à UCLA (Université de Californie à Los Angeles) en cinéma et nouvelles technologies. Mais je n’étais très scolaire. C’est vrai qu’on peut dire que j’ai beaucoup appris par moi-même.
Dans quel genre qualifierais-tu tes deux derniers courts-métrages, Nuit Noire et Un Ciel Bleu Presque Parfait ?
Je n’aime pas cette obligation de tout le temps devoir rentrer dans un genre. Bon effectivement, Nuit Noire pourrait être qualifié comme son nom l’indique, comme un film noir. Ce n’est pas vraiment un polar. C’est un film sur la misère. C’est un film sombre qui se passe la nuit. Qu’est-ce qui pourrait plus qualifier cela qu’un film noir ? Mais Je n’aime pas être catégorisé. Tout film est un film de genre. Pour Un Ciel Bleu Presque Parfait, je ne sais pas quel genre il représente. C’est à la fois un drame, un film de science-fiction, une comédie et un film noir. Je n’ai pas vraiment de définition par rapport à cela et je pense que l’on n’en a pas vraiment besoin. Pour mes précédents courts-métrages c’est encore pire. C’est une trilogie de comédie trash qui se dédouane de toute obligation.
Dans tes deux derniers courts-métrages, il apparaît des thèmes récurrents, comme la paranoïa, la vente de son corps, la culpabilité, une dépendance et on y parle plutôt d’une certaine classe sociale qui est celle des petites gens. Peux-tu nous dire pourquoi ? Est-ce des thèmes qui te sont chers ?
Oui, tu as bien fait une référence à des thèmes de prédilections que j’avais dans les deux derniers courts-métrages et même d’ailleurs bien avant. J’aime les univers obsessionnels, les traumatismes et le bizarre en général. J’ai aussi toujours été un petit peu émerveillé par les loosers, les loosers magnifiques. Les gens qui essaient sans jamais y arriver, les petits, toujours écrasés par les puissants. Dans la thématique des comédies barrées de la trilogie qu’est Bushido Boogie, Dirty Maurice et Zeropolis, l’idée de départ était due à ma propre expérience. J’ai travaillé sur un long-métrage pendant deux ans et le film s’est arrêté une semaine avant le tournage. Cela a été très compliqué et j’ai rebondi avec cette trilogie sur ces loosers magnifiques qui essaient de faire un film et qui n’y arrivent pas vraiment. Cela m’a un peu inspiré cet univers.
Oui, le thème de la paranoïa, j’aime aussi beaucoup. J’ai été élevé aux romans de Philip K. Dick ! J’aime les ambiances dérangeantes et comme tu l’as dit les petites gens. Au long de ma carrière de réalisateur, si elle continue, je l’espère, je parlerai certainement de choses différentes. Mais oui ce sont des sujets qui me sont cher.
D’où est venue l’idée d’Un Ciel Bleu Presque Parfait ?
J’avais depuis très longtemps envie de faire une histoire sur une fratrie discordante. J’avais cela en tête depuis longtemps. En 2012, je me trouvais à la Réunion, où je préparais une exposition photo pour une galerie à Paris qui traitait du thème de la mort. J’avais une copine qui était médecin légiste qui s’occupait des autopsies de cadavres conjointement avec la police scientifique. La première fois où je suis entré dans cette morgue, ma copine sort un cadavre d’un frigo et je lui demande qui c’est. Elle me raconte que c’est une femme qui vivait en autarcie avec son frère dans une ferme et qui a été retrouvé morte dans son lit depuis cinq semaines. Durant ces cinq semaines, son frère dormait aux côtés du cadavre de sa sœur. Et comme son frère l’avait déjà maltraitée, la police voulait savoir si son frère l’avait tué ou si c’était une mort naturelle. Quelques années plus tard, je suis parti de l’histoire de cette femme que je ne connaissais pas sur l’idée de départ qui vivait en autarcie dans une ferme avec son frangin. Qu’est-ce qui s’est passé ? C’est un peu ce qui m’a lancé sur Un Ciel Bleu Presque Parfait.
Avais-tu l’idée lorsque tu as écrit le scénario d’Un Ciel Bleu Presque Parfait, d’en faire un long-métrage par la suite ?
Je ne veux pas trop en parler pour le moment. Mais on en reparlera bientôt ! Par contre ce que je peux te dire c’est qu’on a eu un succès qui a dépassé de loin toutes nos espérances. On a eu une large couverture médiatique après Sundance, Clermont Ferrand, et les grands prix successifs à Screamfest, Fantasia et Court Métrange. Il y a eu un gros buzz autour du film. Cela a quand même attiré l’attention de beaucoup de monde.
Quels sont tes trois réalisateurs préférés ?
C’est toujours une question difficile. A chaque fois que je nomme mes réals préférés, quand j’y repense par la suite, je me dis mais pourquoi tu n’as pas dit untel ou une telle ….
J’aime beaucoup Darren Aronofsky, en tout cas sa première époque. Des films comme Pi, Requiem for a Dream, ou Black Swan, j’ai beaucoup aimé. Pi est un des films qui m’a donné envie de faire du cinéma. J’adore Gaspar Noé, c’est le King, le patron. Et enfin pour finir je dirais David Lynch… Mais trois ce n’est vraiment pas assez ! Allez je m’en fou, je me rebelle et je rajoute Ang Lee, Martin Scorsese, Nicolas Winding Refn , Quentin Tarantino, Peter Greenaway et Alejandro Jodorovsky !
Tes trois films préférés ?
J’adore Doom Generation de Gregg Araki. Un film sur l’Apocalypse et les ados ! Je suis aussi un grand fan de Larry Clark et tout particulièrement de Kids et Ken Park. C’est aussi un film qui m’a donné envie de faire du cinéma. Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant de Peter Greenaway est aussi tout simplement magnifique !
Je me rend compte qu’il n’y a malheureusement pas beaucoup de femmes dans ce classement alors je tiens à rajouter Marina De Van dont le film Dans ma peau est un vrai choc.
Merci Quarxx.
Filmographie (court-métrage) :
- Un Ciel Bleu Presque Parfait (2016)
- Nuit Noire (2013)
- Zeropolis (2012)
- But (2011)
- Dirty Maurice (2010)
- Rasta Kamikaze BangBang (2009)
Olivier H.